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suicide toi mon fils [ d i v ]
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13 juin 2008

ECORCE

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[Tenir, ne rien montrer, pas d’attendrissement.] [h m]

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Au dictaphone ou dans un livre je ne m’en rappelle plus très bien, j’entends la voix d’une petite fille ou d’un petit garçon, je suis laide, je suis affreux, et puis je veux mourir ce soir, je veux mourir ce soir vous m’entendez vous le dire en face vous ne m’entendez pas vous fermez la bouche vous croisez les jambes, mot médical, vite, mots médicaux, urgence, compte goutte, règle, urgence, bordel de merde, urgence, graduation, urgence, bordel de merde, écrire n’importe quoi, vite vite, plus de vitesse, écrire, écrire n’importe quoi.

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J’ouvre les premières pages du livre, glissantes, soleil, rien de bien précis, pas d’angles, pas de piétinements sur place, pas de corps intermédiaires, pas de place pour l’autre, pas de corps à corps, rien de bien précis, pas de place pour l’autre, pas de place pour autre chose, pas de règles, pas de pages ni de papiers blancs au dos, je m’en vais glacée je m’en vais pas loin, j’ai peur qu’il s’en aille, je l’écoute très distinctement venir derrière mon dos pour me pincer la nuque avec ses dents, qu’il enfonce un peu, mais juste ce qu’il faut pour ne pas me faire trop mal, après ça laisse très longtemps sur la peau, près du cuir chevelu, des petites traces rouges qui ne s’en vont pas tout de suite, en les frottant avec la langue ou le dessous des doigts, on voit apparaître quelque chose de salé de très blanc qui s’ouvre.

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Il me dit derrière ou devant la porte, quelque chose je ne m’en rappelle plus.

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L’œuf et demi séparé du jaune, le sel le sucre et l’eau, tout ça dans un ordre bien précis pour que tous les ingrédients ne s’échappent pas et collent tout de suite pour bien se mélanger et devenir mous comme il le faut entre eux, pour que la pâte coule et soit bien digeste après, blanc crème blanche blanc noir tu comprends pas t’es fatigué ou quoi plus vite, je l’entends battre encore quelques minutes derrière mon dos, pour y ajouter plus tard une pincé de sel d’eau de sucre, mais il n’a pas encore fini, tout à l’heure ce sera prêt dit-il, mais pas maintenant, maintenant il faut chercher autre chose avec les ongles. 

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Aujourd’hui il a dit en regardant très longtemps l’état des routes devant lui, que les feuilles tombent de plus en plus, en les pointant du doigts derrière la vitre, au volant de sa petite voiture, nous roulons à travers des petites et moyennes villes, il y a des petits animaux morts écrasés sur la route, l’air est vif l’air est doux dans les jambes sur la bouche sur la queue dans le trou dans le mille, il y a des couleurs très anciennes penchées sur des murs neufs que nous frôlons à toute vitesse à toute allure plus vite que tout à l’heure sûrement, l’air est doux l’air est vif dans les dents vertes, les feuilles tombent de plus en plus elles sont rouges.

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Voilà, il ne fait pas beau tout est dit devant nous maintenant, il y a des alternances de gris et de blanc très mélangées dans le ciel très très bas, j’étais très étonnée tout à l’heure, il y avait des rayons de soleil avec des passages très nuageux, quand il y a du soleil derrière la vitre, c’est pas facile de le prendre en photo, il bouge tout le temps, il faut vérifier les proportions, le grain de la pellicule et les différents paramètres, le petit voyant vert qui clignote une fois sur deux, pendant que la pluie tombait violement, il faisait froid dehors, dehors il faisait froid tout le temps, tu veux que je te zoome, là tu sera mieux, tu seras très bien assis comme ça sur la table, sur les petits carreaux coupés cassés mal foutus, sur le sable brillant dans les ronces hautes, où tu veux, dans.

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Il est nu il conduit il n’est pas nu il n’a jamais conduit il n’a pas de voiture petite non plus ni Simca 1000 ni 4x4 ni moto blanche, il écoute très souvent des musiques ambiantes atmosphériques planantes dans un iPod, c’est tout ce qu’il sait faire, il n’a pas beaucoup parlé depuis ce matin il regarde, nous sommes au bord de la mer, il pleut toujours, il fera beau tout à l’heure, demain soir, demain, après après après toujours après, très loin des clichés des courbes des graphiques et de tout ce qui est beau et laid, il y a quelque chose qui penche dehors un arbre une boussole un poteau télégraphique, il est beau il n’est pas beau il dort il ne dort pas, il y a toujours une alternance de pluie et de soleil, il a sur la bouche des couleurs, il a sur le ventre, il a sur les poignets, des marques toutes fraîches qui ne partent pas tout de suite, depuis la dernière fois, de la porte fenêtre à la porte d’entrée, je ne veux plus rien savoir d’autre, semble t’il dire de la tête, lui non plus, quelque chose ne fonctionne pas, est cassé, se déroule par terre dans le vide.

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Il marche de temps en temps avec un livre ouvert entre les jambes, il y a le sang du chien, il y a l’oreille du chien pleine de sang, il y a du sang partout, il y a le chien, il y a le bruit de la mer, il y a des vagues il écoute le bruit des vagues très silencieusement, il y a le chaos des vagues au loin, le bruit de la mer, le sang du chien, le sang du chien dans les vagues avec le bruit de l’oreille du chien qui se détache dans la mer et non pas dans un fleuve, un bruit mais un bruit sourd un livre ouvert qui s’ouvre, un truc plus large, il récite à haute voix des morceaux pris dans chaque livre, il récite il récite pas il est nu, il y a l’oreille il colle l’oreille l’importe où dans les vagues de la mer au loin c’est de pire en pire, il n’est pas beau il est beau il dort pendant que je n’ai pas sommeil, il y a des espaces blancs pour bloquer la respiration, des phrases et des morceaux de phrase plus ou moins longues, anciennes, neuves, avec des carrés, des transversales, des trucs, des machins choses qu’il aime bien me prononcer à haute voix, qui lui plaise, il les chante mal dessine des traits avec, les prolonges, comme s’il marchait sur un long fil blanc blanc blanc crème, il regarde en bas, il regarde tout ça en haut, il récite, il regarde le ciel, il regarde la mer, il écoute le bruit des vagues au loin, il y a un bruit sourd, il regarde le ciel trop bas, il dit qu’il fait trop froid dehors il dit que ça fait des années, aujourd’hui il dit que ses mains ne sentent pas bons, qu’elles sentent bizarres, comme de l’alcool, comme la terre, comme quelque chose qui pue, comme la mort, comme quelque chose de vivant aussi, comme l’oreille du chien qui flotte, comme le cuir de la montre, comme les 3 choses à la fois, comme les deux, sa peau lui fait très mal.

Il marche, récite, regarde le ciel. Toujours en bloquant sa respiration il en est là.

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Il dit que ça fait des années qu’il n’a pas vu la mer, il touille ses bras dedans et verse du sable  sur ses pieds, il marche il se suit il court il tombe il marque il laisse quelque chose, c’est rouge, il marque très facilement il manque maintenant presque tout son corps pour que cela forme un ensemble cohérent, y ajoute de l’eau avec sa bouche, fait tremper ses manches dans la mousse dans le savon dans tout, il dit qu’avec une location de voiture on aurait pu faire plus de kilomètres il dit n’importe quoi il dort, il dit que le temps ne passe pas non plus très vite comme il le voudrait, qu’il n’a pas le temps nécessaire devant lui pour finir son huitième livres, que l’écriture sèche quelque part sous son ventre, sur ses épaules, la nuque de plus en plus raide les marques qui se suivent, les petites coupures et qu’elle lui manque aussi, quand il perd tout, pour qu’il y est un sens à tout ça, mais le plus vite possible, prendre de la distance prendre de la vitesse prendre des médicaments, de l’altitude, prendre des médicaments coupés de plus en plus coupés pour éviter comme ça comme ils disent toute dépendance, prendre quelque chose, des antis n’importe quoi, coupés en deux, n’importe où, dans la bouche, plus tard plus tard, plus bas, on dit toujours plus tard plus bas et on oublie tout. 

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Il marche non c’est pas ça il ne marche pas, sa peau lui fait très mal, il répète toujours la même chose.

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Parfois il s’étonne de la mort des autres, je m’étonne de sa façon d’écrire, de son appendice nasal, de son nez qui coule, de son inaction jusqu’à midi, de sa candeur, de sa joue gauche et droite, de ses forces, de sa folie, de sa vitesse, de sa non résistance qu’il minimalise sur certaine choses, mais j’ai du tout réapprendre très vite, pour lui donner de la vitesse, des mots, des formes supplémentaires, du rouge, de la force, des lignes, des régimes, de l’espace, toujours de l’espace, encore plus d’espace, toujours plus, avec du temps nécessaire à la campagne, à la mer sous des digues, sous des lignes à haute tension, pour oublier tous les kilomètres que nous avons fait tout à l’heure ensemble sur la plage, dans les ronces dans les chambres dans les dunes dans les ronces dans le sable, presque dans le corps de l’autre, dans la trace, dans le corps de l’autre, à suivre des petits carrés blancs de toutes les couleurs pour retrouver la mer en face avec l’urne en plastique verte sous le bras démonté encore tiède en face de nous, il me dit tout bas dans le creux de l’oreille quelque chose.     

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Il sourit un peu de tout ça, du trait foncé juste en dessous du trait blanc, du spectacle qu’ont laissé ses dents tout à l’heure sur moi, et m’invite à regarder ma nuque dans la glace avec lui pour que je regarde à mon tour toutes les petites traces rouges disséminées derrière mon cou avec les dents, plus bas plus bas plus bas.

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