LA DESTRUCTION DU PèRE

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je te touche
je te touche
tu dis que ma peau est douce
comme de l’alphabet grec
ancien
je suis un doigt dans l’œil
je suis un œil dans le moucheron
écrasé par un orange
violent
tu sais ton corps
quand je pisse à la campagne
je l’imagine à la craie
pour dessiner dessus
des larges et des carrés
des solives blanches
des maisons qu’on croyait hautes
bien plus hautes
que du vent
avec du sable entre les tuiles
je parts le onze
à 18 heures vingt sept
je parts à la nage
des bouts d’acier
entre les doigts
que d’autre ont vu
comme des morceaux d’avion
du zinc
quand je m’envole
je perds ton équilibre
je perds la larme
d’un dimanche
j’ai tout de suite envie
de recommencer
je recommence
à plus tard
je retiens ton goût
dans un verre d’eau
en évitant de faire tomber
la rose
il me faut de la morve
pour écrire
de la cendre
pour après
l’éparpiller
dans un grand parc
comme un soldat
comme un enfant
comme une sale gosse
je me suis cachée
dans le maquis des ombres
pour garder cet espoir
que je garde
encore dans le ventre
quand je te touche
quand je te touche
tu dis plus rien
tu dis que le sable est chaud
tu dit que la tuile est coupante
sur la peau
qu’elle embrasse
comme ta mère
qui t’a jamais aimé

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