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L'IVRESSE DES PREMIERS PAS

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Tu as dit ça sert à rien de mettre comme ça mes cheveux en arrière le vent balayera tout seul toutes les nappes phréatiques et les chemins pluvieux tu as dit accompagne une dernière fois mon silence avec ton dernier pas tu sais là où la mer s’étire et puis s’arrête à l’angle des deux digues je veux calmer la brûlure que tu ressens aux côtés droits des choses tu sais toutes ces choses personnelles et transgressives qui disparaissent avec les premières gouttes de pluie sur la peau tu as dit il se peut que nous fassions la même distance qu’hier matin très tôt entre les bateaux éventrés et la fine couche de glace qui recouvrait tout l’océan comme un dos lacté où tu as compté 39 planètes et un saule pleureur en fermant les yeux nous avons beaucoup pensé à lui et nous avons pleuré devant une porte verte tu as dit l’océan emporte tout sur son passage barricades corps et musiques et c’est pour ça que des morceaux de bois flottent au loin dans la gueule des poissons chats éventrés sur le ventre au fil de l’eau tu as dit l’océan c’est rien du tout ce n’est qu’une mascarade un fil une transhumance ce n’est qu’un parfum mis dans une bouteille avec du sable autour quand la fenêtre ouverte est mouillée dans la chambre tu as dit le ciel est bas le chemin blanc est silencieux étrange et surchargé de lac avec d’anciens vestiges et c’est très beau quand c’est ensoleillé comme ça dessus on dirait une autre cathédrale détruite par le feu pour prier nos morts tu as dit ce n’est pas comme d’habitude à cette heure ci on a déjà rejoint la mer par l’autre route plus accentuée dans l’autre sens la pente est silencieuse dans la lumière des incendies se suivent on a du mal à remonter la vitre pour voir le soleil percuté l’océan et puis on a perdu le fil tu as dit je reconnais sa voix elle est plus belle et plus liquide elle ne bouge pratiquement pas comme une mer invisible divisée par deux on dirait un miroir un chat vert une porte enfoncée dans le sable où trente neuf petits cailloux bleus sont posés sur une tombe pour écrire ce message face au vent. Tu me manque.

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