Je veux jouer avec tes fantômes Prosaïque forme
Je veux jouer avec tes fantômes
Prosaïque forme qui me double
Un portail
Un qui dirait
Avec sa grande bouche
Je pense à toi
Tu m’embrasses dans le cou
Dis
Tu m’embrasses là
Posément
Dans le cartilage des saisons
Car j’aime ta teinture d’iode
Et le sel laissé sur tes épaules
Ici
Je laisse des années se débattre
Ici
On entre vraiment dans quelque chose de sombre
Tu sais
Quand on te parle
Tu sais quand on te parle
Vraiment avec la bouche
Un œuf
Un ciel qui se confond
Agile
Quand on le touche
Avec les yeux
Ça semble vert
Ça semble neuf
Ça semble mort
Et puis s’assemble le chagrin
Et les regrets
Quand on passait
Tous les 3
Dans chacun
De nos doutes
Qu’est-ce que tu regardes
Au loin
Comme ça ?
Je m’imagine dans une cage
Ou sous de l’eau
Ou dans un ventre
Ou dans du fer
Ou dans un cube
Ou dans le monde
Ou sous une jupe
Ou dans une dent
Ou sous un globe
Ou dans un mur
Ou sous une forme
Quelconque
Homme
Ou
Femme
Perdus
Je répète
Homme
Ou femme
Perdus
Je répète
HOMME
OU
FEMME
PERDUS
Est-ce que quelqu’un ici va me répondre
Avant la nuit
J’AI PEUR.
Maman j’ai peur
J’ai tellement peur
Tout seul
Si tu savais
Comment j’ai PEUR
Alors
TUE-moi
Je range des cahiers
Par paquet de sang
Des feuilles des montgolfières
Pour aller plus bas
Dans les racines
On m’a mis le ciel sous un masque
Et je ne peux plus respirer
Ni comprendre
Ni voir
Ni rire
Où vont tes pas ?
Dans l’eau dans les portes dans le cortex dans le cul dans les fleurs dans le silence dans la bouche dans l’épaule dans l’aorte dans l’iris dans les yeux dans l’anus dans la jambe dans le sperme dans l’oreille dans le cerveau dans la dent dans la couture dans la colonne vertébrale dans le trou dans les larmes dans la plèvre dans les roses dans les roses encore une fois dans le trou dans le pied dans le ventre dans les muscles et dans la voix que j’entends quand plus rien ne bouge
Pas de poing d’exclamation
Ni tout ça
Non
Pas de lames non plus
Mais un peu de toi
De ton amour
Des choses offertes
Des choses
Des fleurs grimpantes
Qui meurs toutes seules
Dans leur exil
Ammoniaqué
Du vert partout
Des yeux
Et des jouets par millier
Quand tu descendras du ciel
Dis
Tu veux jouer avec moi
Alors combien d’hiver
Dans le parc
Je compte jusqu’à
Trois
J’ai - comment dire
J’ai des oiseaux dans la tête
Avec des trucs qui s’en vont
Dans les mains qu’on cache avec les yeux
Tu sais
Des trucs qui puent comme la mort
Tu me savonnes la peau
Dis
Tu me savonnes
Car moi
Je pense à ton cou
Tu m’embrasses
Prosaïque forme qu’est ta bouche
En face de moi
Le clou que je dois frapper avec mes os
Pour que tu rentres dans le ciel
Une bonne fois pour toute
Je te pousse dans la barque
Et vogue et vogue
Les pensées
Mortifères
Et ongles
On va les accrocher ensemble
Un tableau
Masse noire
J’ai tout compris moi
Tu sais de la couleur verte
Qu’on imagine un peu plus propre qu’avant
Nous dans les combles
Et dans le ventre des mamans qui ont perdu un fils
A la guerre
Moi je pêchais des poissons avec un grillage
Un coup d’épée dans l’eau
Oui mais
Un ciel beaucoup plus large que tout le reste de l’univers
Je monte les escaliers je descends
Je monte
Je
On va regarder les dates
Les comprimés le sang
Qu’il y a sur les sangles mal attachées
C’est le monde
La merde au cul qu’on a
Pourvu qu’on nous lave pas
Pourvu qu’on nous attache
Et qu’on nous laisse comme ça
Comme des chiens
Pendant toutes ces années
La mort nous doit bien ça non
Je tombe directement je tombe directement sur toi
Il pleut dans ton habit vert
Y a des cygnes qui mangent du pain
Et toi c’est une erreur
Tu regardais le ciel
En contre bas
Les allées les fleurs
Et les enfants qui passent
Dans des carrioles en fers
Je m’arrose je dois me suspendre avec du lait
Le lait de la jaunisse
Des dents qui manquent dans le palais
Enfin tout ce qui a nourri le nerf l’œuf
Et le sein là
Petit homme ou bien petit soldat
Je doute qu’est-ce que ça sent
L’éther l’été dernier
Regarde
Je sais plus écarter les bras
Mes pieds j’en ai fait des labyrinthes
J’en ai fait des sorties dans les sous bois
Des fleurs des musarènes en forme de souvenir
Etanche pour voir tous tes soleils
En nous
Je garde l’original pour moi
Tous mes fantômes
photos : n l / textes : o s