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suicide toi mon fils [ d i v ]
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13 novembre 2016

UNE ENFANT DU BATACLAN Dernière heure à regarder

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

          UNE ENFANT DU BATACLAN

 

 

Dernière heure à regarder le sommet du crâne
ultime minute à regarder le soleil finir sa course
sur ton visage qui me hante jour et nuit
c’est la chaise vide qui est la plus terrible
c’est aussi l’abandon des formes
toutes ces voix perdues
l’esprit nous en parlerons plus tard
l’esprit qui derrière ta porte entend tout ce que tu fais
ça va
ça va aller
nous sommes lents dans la nature 
nous sommes beaux et pourtant seuls endormis l’un et l’autre comme nous l’avons écrit un jour dans nos livres
ouverte
dans la chambre nue
tu parles à des fantômes
tu traverses ton propre corps
tu peux construire du sable avec des châteaux
tout est possible maintenant
tout est possible
toi
je dis bien tout est possible maintenant
toi
dans la chambre du fond c’était hier
le printemps fermait ses bras
laisse-toi faire maintenant que nous sommes deux 
les ombres grenats qu’offrait le silence après chaque pas perdu
il faisait beau c’était doux
les belles choses dans le cou glissaient comme un collier de perle et de musique
on dansait on était comme une capitale d’eau
des enfants en train de jouer avec du plâtre
pour recommencer les mêmes statues
les mêmes cascades
les mots comme bonjour
ça va
mais ça va pas du tout
pas le temps d’être un homme pas le temps d’être une femme
pas le temps d’être un muscle pour traverser la montagne dans mon élan qui surplombe rien le vide
et tes pas sur cette plage abandonnée de tous ou nagent encore de précieux poissons spectaculaires et translucides où la peau est transparente pour se voir une dernière fois
se toucher et disparaître
c’est comme ça dans l’autre monde
nous les vivants 
progresser progresser toujours
tel est le sens de la route
et la transformation
une heure dans la lumière à transformer mon visage pour être un roi
pour être une reine une enfant 
un visage
tu m’as volé mon visage
tu m’as violé
je suis la cage dans un oiseau
mon sexe multicolore
pour les dents carnivores des chiens affamés
centimètre carré
je n’ai plus de lèvres pour t’embrasser papa
je n’ai plus rien je n’ai plus rien je n’ai plus rien
on reviendra toujours à l’odeur de la peau derrière une oreille cassé
un tableau noir
un trou dans la bouche pour enfoncer encore plus loin la voix des statues que nous sommes tristement devenues
siècle après siècle année après année
et ne me parlez de votre dieu
de votre sale putain d’homme
froid
aux orties l’aorte
l’os est plus bien fort que toi
l’os est plus bien fort que toi
des tombes des nounours de l’écriture diagonales
ça va le fer est un objet dur plus puissant que les étoiles 
tranchant
qui fait
des petits trous dans la peau des poèmes au chant miraculeux et délicieux des je t’aime
pendant que des gouttes d’eau se confondent avec la texture des fleurs mortes mais coupées dans des vases pour être immobiles dans un verre d’eau froid et glacé
je bois à ta santé monde inversé qui nous appel
des fantômes des voix absentes des chaises vides
ça va
ça va
ça va
ça va pas du tout
la chaise est vide c’est ça
quelqu’un vous manque dans la chambre d’appel entre les murs le soleil est un peu plus noir qu’avant dit le petit insecte dans tes cheveux collés sous de l’ardoise
coupée
amande
il y a le petit prince à deux têtes chercheur d’or
terriblement efficace quand il est seul
pour chercher les comètes disparues
dans le sable des châteaux 
il y a l’eau verte quand il pleut dehors sur les mâts pour perdre et reperdre
toute direction possible
et en avant
il y a mes mains liées à votre mémoire
votre visage qui me hante jour et nuit
ça va
ça va aller
ça va prendre
rien du tout ne va prendre
le silence est un plat froid 
dis
c’est l’été ou c’est l’orage
là-bas
y a comme un gout de sang
dans mon sexe bousillé
partout sur les murs
je jette mes dernières forces
plonge avec moi
dis-tu en regardant tes pieds pour savoir si l’eau est chaude 
plonge avec moi
ramène-moi encore des poissons spectaculaires et transparents ou le sel est mangé par du sucre
les enfants
les enfants
je crois que nous n’avons plus pieds maintenant que tout est terminé
ça va ça va
mais ça va pas du tout
ça va aller
ça va
mais ça va pas du tout aller
des trésors et des insectes comme seul repas  
laisse-moi maintenant que tu as trop parlé toi
laisse-moi rejoindre le monde des morts
juste un peu pour ne pas rompre
l’idée la forme l’objet
métallique qui rentre dans la peau
la gueule du chien fatigué
laissez-moi tranquille laissez-moi tranquille
ça va aller
laisse-moi tranquille
laissez-moi maintenant que nous sommes tombés
on m’a volé mon visage…

 

 

 

 


In Memoriam Lola Ouzounian – Une Enfant Du Bataclan - texte et musique d i v - 13/11/16

 

 

 

 

 

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Commentaires
L
Je partage sur Fb.
Répondre
L
Mais c'est superbe !<br /> <br /> Div est-il le poète noir et or caché dans la nuit.
Répondre
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