LA ROBE ROUGE https://soundcloud.com/user-157051101/la-robe-rouge
il y a l'aube
nue qui s'écarte
pour nous laisser passer
un peu
j'entre dents tes mots
pour mordre dans ta nuque
as-tu aimé
ma robe rouge
à terre
pour me sentir
un peu
nous sommes contre un tableau
où des mains touchent
notre peau
pour nous peindre
à notre tour
tout est retenu
si lentement
que les choses glissent sur nous
posé dans la cour
un soleil
une table
et nos corps
nus
pour infléchir l'ombre
quand vient le soir
la lumière a disparu
quand tu tournes
le visage pour aimer
pour attraper la bouche
te dire à l'oreille
des mots putes
sales
et au milieu d'une page
coule un cheveu
une fleur séchée
l'odeur de tes coudes
comme si le monde n'était qu'une flaque
entre nos jambes
crie
immole mes ongles
pour me rentrer dedans
quand tu tombes
ne sens-tu pas venir
le commencement de tout
cette fin brute
s'éloigner revenir
nous griffer les ongles
ce silence
ce cri
cette distance dans le marbre
pour y entrer le corps
cette partie qu'on efface
quand on entre avec le jour
il y a aussi cette dance
cette fin en soi
d'en finir
tomber dans tes bras
recommencer le doute
la vie la mort
il y a cette route
le long des roses
et puis ta nuque
posée contre mon épaule
dans les rêves les plus fous
ton corps dans la robe rouge
posée devant la porte
comme un fantôme
des baisers doux
violents
tout autour
la main derrière le dos
pour nous aimer
longtemps toujours
dis-moi
qu’est-ce qu’on est venu faire ici
j’ai mal
attend regarde
quelqu’un nous fait un signe
de l’autre côté
on tombe
on se relève
et on verra plus tard
c’est loin le monde
tu passeras pas
laisse fondre tes bras
le long du corps pour avancer
fais comme tu veux
on attendra
coupe le chemin
les ronces et l’abandon
le temps qu’il fait dehors
s’est fait pour ça
non
appuie très fort
digère ton ombre
est-ce que tu m'as vu
bouger
quand tout est sale
quand tout est sec
qu’est-ce qu’on va faire
après
nous sommes si loin de l’autre
quand vient l’envie
coule une eau bleue
sur la grande route
tu comptes tes pas dans un fossé
dans le jardin
coule une eau noire
dans les ruines
avant la chute
tu m'avais dit
regarde
la beauté des corps
dans un tableau très noir
soulage
renforce
tous les visages disparus
qu’on avait dans nos bras
pour les faire disparaître
regarde le film
qui passe en boucle
dans ta tête
avec toutes les images
dans le ventre
que nous avons mis
sur la table
avant le départ
sommes-nous déjà prêt
les trains et les avions
que nous prenons la nuit
prennent de la vitesse
pour aller où
et dans quelle ville
tu le sais toi
qui cherche toujours ton ombre
dans les draps
sur un fil
dans le corps de l’autre
est-ce qu’on était bien
est-ce que ça faisaient mal
mes doigts dans la bouche
quand j’appuyais là
de toutes mes forces
dans le silence
je n’ai rien dit
je n’ai rien fait
car j'avais peur
car tout s’en va
c’est loin le monde
toutes les couleurs
sanguines dans les tableaux
que je préfère
voir le matin s'effacent
avant la chute
et son contraire
je marche sur un fil
je marche sur un toit
pour voir le soleil
et c’est déjà fini
c'est la fin
regarde comme nous brûlons
pour un rien
pour dire oui
c’est notre façon de perdre
c’est notre façon de vivre
il y a la maladie des grands singes
dans des cages trop petites
avec leur gueule ouverte
derrière nos portes qui se referment
c’est à nous tout ça
dans les livres
dans les trains
dans tes mains
dans les visages perdus
c’est notre œuvre
regarde
derrière nos portes qui se referment
il y a le bruit dehors des chiens
prêts à se battre
sinon rien
sinon moi
le corps ou le désir
qu’est-ce que je vais faire
de ma peau
dans l’herbe folle
dans les draps
sous tes ongles
je vais rester là
dans la pénombre
à m'attendre
jusqu'au petit matin
doux qui plonge
comme une eau brûlante
dans mon cou
qui marquera à jamais
nos nuits blanches
la mort d’une guêpe
je reviendrais demain
vous dire
des trucs à l’oreille
dis-moi
qu’est-ce qu’on est venu faire ici
j’ai mal
attend regarde
quelqu’un nous fait un signe
de l’autre côté
on tombe
on se relève
et on verra plus tard
c’est loin le monde
tu passeras pas
laisse fondre tes bras
le long du corps pour avancer
fais comme tu veux
on attendra