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suicide toi mon fils [ d i v ]
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6 avril 2008

LE LANGAGE DES VISCERES

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Pour Amine

dust of my dust

sans qui ce texte

n’aurait jamais existé.

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LE LANGAGE DES VISCERES

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étrons passés par là avant

j’en doute et je nivelle

je plateforme

je bouche

je bande pas de façon continu

non c’est pas ça

c’est le bas du ventre

le genou

le morceau de peau

la dent qui manque

le nerf facial comme on dit si bien chez nous

le bac à sable orange

orangé rouge

l’enfant qui fait tomber l’autre enfant

sur le genou 

la tranche de pain

le goût du chocolat

un peu partout

la tache marron sur le coude 

la coque et l’entre cuisse

la dent qui manque

l’éclat l’acier

l’acier blanc

la tranche de citron salé

sur la peau

quand tu bouges un peu trop

longtemps

l’assise

la viscère

le renoncule

la pliure

le sang sur un grain de beauté comme un saphir bleu ouvert

le bilboquet

la balançoire

le géranium

où nous marchions ensemble

debout assis

debout transfiguré

encore assis dans les combles

ensemble

où il fait frais

il fait soleil

il pleut

je ne sais pas

après la pluie

c’est le soleil

ou c’est l’été

c’est la bouche

c’est la feuille de thé

pliée en 4

je ne sais pas

j’entame un fruit

un fruit nouveau

un morceau de langue

une langue de chat

du lait la peau

la peau du lait sur le dessus

endormi

mordu

contaminé

sèche

je te regarde

je ne suis pas seul dans ta chambre

je suis avec un autre

il est quelle heure dans cette partie là du monde

comment voulez-vous que je me repère

je ne trouve pas ma montre

je n’ai jamais porté de montre à mes poignées

j’ai trois portes dans le corps

d’un autre 

à soixante quatre pulsations minutes

c’est toute la distance qu’il me reste encore à faire

on ne peut jamais être juste avec toutes ces choses là

je me retourne

je balbutie des trucs

je vise bien la tête

je me cogne à l’angle de la rue

la rue est calme

la rue est obsessionnelle 

la rue est magnifique

la rue la ville et ses accensseurs en fers

mécaniques et opérationnels 

comme un nerf ligaturé

au bas du dos

dans la nuque 

je mens

je me rattrape

je n’écris pas

je peins

je n’écris pas

je me coupe la peau avec une feuille de dessins A4

noire et blanche

violette à liserai vert

comment te dire

comment respirer

comment te dire

comment dessiner tes yeux

qui s’ouvrent dans le chlore de la piscine

ouverte entre midi et 2

je mens

je n’écris pas

je mens

je suis le plus grand écrivain du monde

je suis un écrivain raté

je suis le plus grand écrivain du monde

je suis un écrivain raté

je tremble

et j’ai peur

je suis devant vous

je n’écris pas

je mens

je n’ai jamais écrit ça

je casse une branche et une biscotte en deux

l’ai-je bien coupé   

la viande

et la biscotte en deux

le corps de l’autre

le corps de l’autre 

rien que ça

la peau comme du plastique souple

et transparente

à souhait

la viscère mentale

l’ai-je bien visé aussi

la viscère mentale

quand le fleuve est en avance sur nous

je me coupe impeccablement là

ici

en évitant la sangle

pour me rappeler de tout

c’est vert c’est lisse

c’est élancé ça coule vite

ça s’amplifie partout

ça sent la merde

rapproche-toi

ça sent la merde

c’est froid et presque chaud

ça glisse c’est opaque ça colle

merci

ça va aller

pour tout

merci encore

je ferme la porte

le courant d’air

c’est dans la chambre que tout se passe

je tremble un soir sur 2

c’est l’eau

c’est l’eau conique

et c’est l’eau de l’été

c’est toi qui frappe à la porte

il est quelle heure quand tu fais ça le mieux

tu rentres quand dans moi

pour que je me coupe le nerf

du pied

mon névrome

de Morton

c’est l’eau

c’est le ventre

c’est l’eau chaude ou bien l’eau froide

qui déborde en premier

qui fait le plus mal

qui fait le plus de bruit

qui coupe nos langues en deux

et en petits morceaux

identiques

et souples

c’est l’eau

c’est l’eau dégueulasse et toxique

c’est nous

c’est nous dans la chambre cassés en 2

dans la voix de l’autre

qui dit très calmement

souffre seul et en silence

ou prend tes médicaments

je n’en peu plus de tout ça

quelque chose est cassé entre nous

mais l’eau

c’est pas forcément quelque chose

de plus souple ou de détérioré

l’eau sous tes ongles peut prendre une toute autre forme

la forme que prennent tous tes ongles sous l’eau

ce sont tes jupes et tes bottes

et tes yeux délicieux

après le chlore de la piscine

ouverte entre midi et 2

cette voix conique qui pousse au meurtre

c’est jaune et ralentis

c’est sec et liquide 

c’est ton petit ventre rose comme du magnolia brun

c’est comme une flaque de pétrole

écrasé dans une fleur

qu’on laisse bleue derrière soi

qu’on traine à bout portant

de la chambre à la chambre

en passant par de multiples portes

qu’on transforme et qu’on jette en avant

comme de la mie de pain

quand l’autre aura soif

quand l’autre aura envie

quand l’autre aura mal au ventre

quand l’autre ne sera plus qu’une merde

aspirante

féconde

fécale

et odorante

je ne juge pas

la plateforme était déjà trop glissante

trop petite 

et trop haute

je tombe sur quelque chose de moue

de chocolat

de marron

de lourd et d’évasé

de si léger léger

qu’elle ne tombe plus comme avant

tes petites culottes du soir et du matin

que je cherche encore dans mes poches

dans mes draps

dans mes ventres

dans la peluche

dans la dent qui manque

dans le bac à sable

orange

toute la journée

je retourne des sacs

toute la journée

je retourne me laver les mains

quatre vingt six fois par jour 

j’ai recompté

ton fil à coudre est dans la peau

quatre heures que je fais ça sans m’arrêter

du pochoir rouge dans ta cage d’escalier

pour toucher ta clavicule gauche

avec mes angles droits

tire moi la langue

tire moi quelque chose d’encore plus dure sous la peau

que je l’attrape avec agilité

le ventre blanc de ton petit lapin rose

ta peluche préférée

ta poupée russe sans tête

et sans corps   

tu sais

la peau

le corps

tout ça

la dent qui manque

le bac à sable orange

la glace

l’enfant qu’on pousse dans le vide

où nous nagions ensemble

tu sais les découpes

dans les muscles

se sont des petits fleuves miniatures

des ratures

des ramifications étranges

striées 

des petites coupures

des écorces de citron

secs et blanches

pour construire un pont

entre la chambre et la chambre

quand la chambre est devenue trop petite

on n’en peut plus de tout ça

de traverser la cour pieds nus

le damier noir contre le damier blanc

la feuille A4

pour torcher le cul

du fou abîmé

le fou abîmé c’est moi

petit petit

menu menu

alors qu’il fallait un mince cheveu

pour pouvoir tenir tout ça

en équilibre

à distance

dans un endroit sûr

dans un coffre à jouet

dans une boîte crânienne

que sais-je encore

il fallait les doigts dans la bouche de l’autre

pour le faire vomir après les courses folles

dehors dedans

après avant

difficile à dire

difficile à comprendre

difficile à écrire

difficile à expliquer

tu sais

tout ça c’est à cause de la peau

c’est le deuil impossible à faire

après

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Samedi cinq avril

deux mille huit vers

minuit trente une heure

du matin à Paris

au Pestacle un micro

dans la bouche sept

feuilles A4 entre les

mains sous une

lumière orange

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