Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
suicide toi mon fils [ d i v ]
Albums Photos
Publicité
23 septembre 2008

A l'amie qui ne m'a pas sauvé la vie

.

.

.

.

.

.

Mon pauvre amour.

Je t’attendais depuis si longtemps que les muscles n’ont pas tenu, ici c’est comme du sable, ici c’est plus comme avant, c’est léger, c’est comme un demi cercle avec un tout petit carré dedans, quelques lettres, deux, 3, 5, six, une, c’est comme une belle promenade, tous les deux, moi et mon beau vélo blanc, c’est léger comme nos pas sur le sable, c’est brumeux, c’est sans un bruit, c’est sans importance, du sable, il y en avait tout à l’heure dans ma chaussure, juste après l’escalier, on peut glisser très facilement dessus, on peut tomber, on peut se faire très mal, on peut écrire toute sa vérité sur de la neige, on peut boire de l’eau, on peut marcher des heures sur des trucs cassés, sur des sourires, sur des pelouses, sur des noyaux de pêches ou de cerises quand les arbres sont gelés, l’herbe sous mes jambes est devenue toute jaune et sous mon bras aussi, je sens des choses légères, comme de la brume, comme de l’écriture, comme du vide, comme quelque chose de blanc qu’on n’atteint pas si facilement avec les doigts, de la lumière passe un peu, souffle dans mon nez ou entre mes cuisses, je t’attendais depuis si longtemps, c’est la terre qui ressemble à du sable ou du sable qui ressemble à des chats, c’est comme plonger dans la piscine toute bleue, c’est comme dire que la littérature ça pue le vinaigre ou qu’un écran plasma ça ne sent rien, c’est comme faire du vélo en rasant les murs de la vieille ville quand elle dormait dans mes cheveux, tu peux écrire maintenant avec toute la bave de ton corps, tout ce que tu voudras, les peaux humides, nos larmes sous la pluie de décembre à mars, tes manques, le coup du mouchoir, le chat qui joue avec le fil de l’appareil qui pendouille dans le vide, tes envies, tes envie de suicide ou de baise, la couleur de ses fesses quand elle bouffe des fraises le matin à jeun, la couleur par ordre décroissant des 5 médicaments dans l’assiette en plastique transparente pour mesurer les doses, la longueur de son sexe dans sa bouche animale cachée par des cheveux longs, bouclés et fins, cassants et souples, j’ai cassé la serrure, je l’ai regardé chier très tranquillement quand elle avait du sang entre les cuisses, j’ai su très vite que tout était possible, violent et doux.

j’ai su bien avant les autres l’odeur si particulière de ma propre merde dans leur drap propre, j’étais dans la salle, j’étais assis, je n’étais pas seul, j’ai fait pipi et caca, très tranquillement, j’ai regardé le ciel, j’ai regardé la pluie, j’ai regardé le soleil, j’ai regardé des croix, j’ai fixé l’objectif de l’appareil en face d’un soleil blanc qui me faisait mal aux yeux, j’ai fait le plus beau dessin du monde sur des blouses blanches pour qu’on me reconnaisse un jour, j’ai reconnu la chambre, j’ai écrit, 46, cinquante huit, textes, sur un banc, dans le froid, tout seul, j’ai écrit 400 mètres brasse les doigts dans le nez, j’ai écrit dans le sable, je crache par terre comme tout seigneur, t’as mal aux yeux, t’as pas mal aux yeux, dis-moi, t’avance plus vite quand je me mouche, est-ce que t’écris plus facilement avec du vinaigre dans la bouche, ou pas, n’est-ce pas magnifique que de sentir les rayons du soleil traversés la peau, la grande cour à travers toutes les grilles ouvertes, les allées grises et blanches vous pousser hors d’ici, il pousse des fleurs que tu ne verras jamais, jamais tu n’es venu jusqu’ici me parler tout doucement à l’oreille pour me dire des mots d’amour, pour me dire qu’on tue des mouches en plein cœur avec du vinaigre, pour me raconter après la mort atroce des mouches en plein mois d’août avec les petits dans le ventre, t’es venu jusqu’ici avec une belle musique, l’eau est verte, l’eau est calme, c’est probablement ça, l’eau est verte parce qu’elle est calme, c’est probablement le soleil qui se cache derrière des plaques d’eczémas ou devant des noms rouillés quand les chats pissent rouge, un jour j’en ai suivi un pour me perdre tout un après-midi dans ses bras, l’eau est verte, j’ai mal à la bouche, l’eau verte, l’hameçon, l’eczéma, la mousse, j’ai mal à la paupière, c’est à cause du bronze de la statue d’en face qui n’en peut plus de voir tout ça, quand il y a trop de vent, quand il pleut, quelques branches viennent se casser sur mes épaules toutes nues, des enfants des enfants jouent comme toi, passent aussi très souvent avec leur beau vélo blanc, moi j’avais rendez-vous dans un joli parc, elle était là devant lui, elle ne bougeait pas, regarde le ciel, regarde le ciel avec moi, il est bleu maintenant comme les deux petits cailloux bleus, que j’ai déposé sur ta tombe, juste à côté de la mienne.

Mon pauvre amour.

.

.

.

.

.

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité